Le marché de la rechange des turbos en croissance

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Des vents porteurs pour le marché de la rechange des turbos

Le directeur des opérations d’IDLP, Christophe Combes constate une « forte dynamique et une progression » entourant le marché de la rechange des turbos.

Du côté de l’Autodistribution, les ventes de turbos s’affichent en hausse de près de 10%. « Le marché apparaît en croissance, abonde Frédéric Gaillard, son directeur général de la distribution VL. Le taux d’équipement des véhicules et les nouvelles normes antipollution justifient l’évolution. « La première réponse des constructeurs avant l’électrification a été le downsizing, à savoir la baisse de la cylindrée des moteurs, et l’intégration d’un ou deux turbos pour favoriser le couple et la puissance. » L’évolution technologique s’ajoute au vieillissement du parc roulant, avec une moyenne d’âge des véhicules de 10 ans. « Les deux phénomènes soutiennent le potentiel du marché de l’après-vente. »

Le constat est partagé par Guillaume Denormandie, directeur marketing de MS Motorservice qui a absorbé Intec, spécialiste du reconditionnement des compresseurs défectueux, au 1er janvier. Le secteur s’avère dès lors « bataillé. » Et pour cause, évalué à 250 000 pièces (VL et VUL) pour des tarifs unitaires situés entre 250 euros (hors consigne en échange-standard) et 600 euros en neuf, le marché de la rechange des turbos génère du volume et du chiffre d’affaires. Il voit aussi la vente de pièces détachées, en particulier des modules de régulation (développées par Hoet, KSMO ou encore Meat and Doria) progresser.

Une multiplication des acteurs

Partagé entre le neuf, l’échange-standard, le rénové et l’adaptable, la rechange des turbos affiche toutefois ses subtilités. « Nous sommes sur un produit cher, évolué sur le plan technologique et attaqué par les marques adaptables qui prennent une vraie place sur le marché via la distribution en ligne », remarque Christophe Combes.

Les rapports de force demeurent toutefois stables entre les différentes familles de produits qui composent le marché. Pour le grossiste spécialisé Iturbo (fondé en 2008 et basé à Tremblay), la demande s’accroit malgré l’essor des véhicules électrifiés. De trois ventes par jour, nous sommes passés à une cinquantaine aujourd’hui, indique Mazouni Nassim, responsable commercial d’Iturbo. La majorité des volumes concerne des modèles de 2003 à 2007. « La demande est suffisamment conséquente pour permettre à chaque opérateur et réparateur indépendant de prendre sa place ». D’une demi-douzaine de distributeurs spécialisés référencée il y a 10 ans, l’activité compte désormais une quarantaine d’acteurs. Le responsable souligne toutefois la nécessaire vigilance à apporter à la qualité des pièces. Car si la nouvelle distribution alimentée par les pure-players allemands ou polonais challenge les prix, la fiabilité interroge : le risque de fuite d’huile, d’ailettes fissurées ou de mauvais équilibrage est une réalité. Du côté d’Iturbo, l’accent porte sur des gammes élargies autour de 1500 références en stock, et des ventes en ligne. « Notre particularité est l’absence de caution. Nous fournissons aux réparateurs un bon de retour pour leur permettre de nous renvoyer l’ancien turbo. »

L’identification, un facteur clef

Entre les modèles neufs d’origine et d’occasion, la priorité est donnée à l’échange-standard d’origine. Il représente 70% des ventes du spécialiste francilien. Si le dépositionnement tarifaire séduit une clientèle de MRA et de franchisés, l’argument se veut aussi technique. Les turbos sont reconditionnés dans les usines des sous-traitants des équipementiers, précise le responsable. Car la démarche se révèle complexe. Les pièces doivent être parfaitement équilibrées et assemblées. L’attention porte aussi sur l’identification des turbos. Le seul recours au numéro d’immatriculation n’est pas suffisant. « Lors d’une commande en ligne, nos équipes contactent systématiquement les réparateurs pour s’assurer de la bonne référence de la pièce. Nous les accompagnons de la commande au montage, en précisant les process à respecter. »

Malgré des marges faibles et un taux de rotation limité, Motorservice joue également sa carte. Dès qu’une pièce est disponible à la rechange, le marché le voit comme une alternative à des pièces neuves dont le coût demeure élevé, analyse Guillaume Denormandie. Résultat, en unités le marché de la rechange est orienté majoritairement vers le « reman » (composé de l’échange standard et du rénové). « Les fabricants ont pris conscience de l’importance du remanufacturé, observe le responsable. Aujourd’hui, ils augmentent leur portefeuille sur ces familles de produit. »

En complément des gammes neuves et de rechange des équipementiers, le spécialiste pousse sa marque Turbo by Intec. La stratégie vise à répondre aux assauts de la concurrence en ligne et des fabricants de turbos neufs adaptables. « En tant que distributeur, nous avons accès à l’ensemble des pièces pour réparer les turbos. Nous disposons également des équipements pour contrôler et équilibrer les turbos », précise-t-il.

« Une famille de pièces qui va compter »

Du côté d’IDLP, le rapprochement entre Borg Warner et Delphi pourrait contribuer à faire bouger les lignes. Une ouverture espérée vers les pièces d’origine qui permettrait aux turbos rénovés d’acquérir ses lettres de noblesses à l’image des injecteurs. Pour l’heure, seule la notoriété des opérateurs reconnue permet d’asseoir la solution comme une alternative crédible et garantie. L’argument de l’économie circulaire en plus. Pour autant, « il reste encore nécessaire d’expliquer les intérêts d’un produit d’origine rénové comparé à un modèle neuf adaptable », reconnaît Christophe Combes.

Si l’échange-réparé constitue une niche sur le marché, la technologie croissante interpelle Guillaume Denormandie. Dans quelle mesure pourrons-nous continuer à rénover dans dix ans des turbos qui deviennent électriques et imposent de remplacer des actuateurs par exemple, s’interroge t-il. Face à la variété des solutions et aux sirènes tarifaires, Motorservice table sur la technicité et l’expertise de son approche. Car le turbo n’est définitivement pas une pièce comme les autres, rappelle son dirigeant. « Il est conçu pour durer toute la vie du véhicule. Mais en cas d’entretien mal respecté, il représente un fusible. Il pourra aussi casser si il est mal monté lors d’une réparation. »

Sur ce marché de la rechange naissant et récent, les constructeurs avaient une longueur d’avance. Aujourd’hui, sous les influences structurelles, il se rééquilibre entre l’OE et l’IAM, remarque Frédéric Gaillard. L’offre se développe, les distributeurs affutent leurs gammes. Et de promettre : « Le turbo est une famille de pièces qui va compter dans le futur. »

Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.

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