Pièces d’occasion : une offre encore sous-exploitée sur le marché

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Pièces rénovées, issues de l’économie circulaire, échange standard : une alternative écologique ou économique ? Elles permettent surtout de prolonger la vie des véhicules, à l’heure où le marché du véhicule d’occasion est largement plus attractif que celui du véhicule neuf.

Autour des pièces neuves gravitent les remanufacturées, occasions, celles issues de l’économie circulaire ou de l’échange standard. Pour mémoire, les pièces de seconde main, très demandées, doivent obligatoirement être issues des centres de traitement de véhicules hors d’usage, sécurisées et tracées. Et pour cela le marché a besoin de centres de véhicules hors d’usage, ou centres VHU, structurés afin de traiter quelques dix millions de véhicules en fin de vie chaque année en Europe. L’aspect très intéressant demeure du côté économique : on compte entre 50 et 70% d’économie par rapport à une pièce neuve, pour une garantie et un suivi identiques. L’aspect écologique n’est pas très loin : pour une pièce de réemploi, 50% de matière première économisée, 50% d’énergie.

La pièce échange standard tend vers la réduction de 80% d’énergie et de 50% en matière première. La pièce d’occasion est proche des 100%. Enfin, la pièce rénovée est très intéressante et compétitive, car pratiquement neuve. De plus, la directive de 2015 au sujet de la pièce impose sa revalorisation en énergie ou en matière à 95%. Depuis près de cinq ans, elle oblige également les réparateurs à informer le client automobiliste de l’existence de pièces de rechange issues de l’économie circulaire.

Cette réglementation, qui, selon certains acteurs, a « le mérite d’exister », apporte quelques outils de communication, mais a surtout boosté un marché obligé de se structurer et d’évoluer. Selon Stéphane Brault-Scaillet, co-fondateur et PDG de Reparcar, « la loi a permis de réanimer ce marché ».

L’alternative existe

La pièce de réemploi, selon Johan Renaud, directeur opérationnel du groupe GPA, s’inscrit durablement comme la bonne idée. La tendance s’est généralisée, avec un contexte général favorable. Aujourd’hui le marché se construit à l’image d’un Black Market ou d’un Vinted. Le doute sur les produits de seconde main est encore palpable, mais peut se résorber grâce à des kits de communication ou encore à la labellisation des process.

De son côté, Back2car, qui compte six plateformes basées dans le Nord, constate que le marché est en fort développement et la mentalité des réparateurs évolue, ainsi que celle de constructeurs, assureurs et particuliers. Il y a une généralisation de l’engagement pour les pièces de réemploi, qui offrent un tarif compétitif jusqu’à 75% moins cher que la pièce neuve et pour une livraison en J+1. Pour rappel, Back2car a industrialisé le traitement des véhicules en fin de vie afin de produire une large gamme de pièces issues de l’économie circulaire : carrosserie, pièces mécaniques, thermiques, optiques, moteurs et boite de vitesses entre autres. Elles sont ensuite sélectionnées par des experts qualifiés, puis testées, démontées et nettoyées. Toutes les pièces sont garanties deux ans, hors moteurs et boîtes de vitesses qui sont garantis un an.

Cependant, Johan Renaud soulève quelques problématiques, comme le sourcing : le monde de l’après-vente offre une diversité des pièces telle, qu’on pourrait s’y perdre. Selon Julien Dubois, président de France Auto Reman, il est important que les réparateurs soient au courant de toutes les alternatives, aient connaissance et conscience des gammes et de leur variété. L’objectif de France Auto Reman est ainsi de faciliter l’accès et d’organiser la distribution. Le sourcing est national, mais de gros efforts restent à fournir afin d’abaisser le temps de livraison : actuellement, la livraison d’une pièce de réemploi est comprise entre 24 et 48 heures. On est loin du H+4 de certains distributeurs. Les centres VHU ont, de leur côté, la volonté de faire plus vite. Selon Julien Dubois toujours, l’idée serait d’acheter beaucoup de petites pièces d’occasion et de les stocker sur des plateformes, afin de proposer une offre pertinente, uniformisée et moins fragile. Aujourd’hui, au niveau de l’après-vente, Stéphane Brault-Scaillet, co-fondateur et PDG de Reparcar, constate qu’il y a plus de demandes que d’offres.

Leviers de croissance

Comme le souligne Laurent Assis-Arentes, l’enjeu est aussi de démocratiser la pièce de réemploi et de la développer. Depuis cinq ans, les assureurs prônent les pièces d’occasion, ainsi que les experts automobiles. Pour le garagiste, c’est un vrai moyen de service supplémentaire apporté au client. Il baisse la facture et augmente sa fidélité. De plus, le particulier semble de plus en plus enclin à faire poser une pièce de seconde main, et peut également être la solution. L’enjeu est bien sûr que le réparateur propose et favorise l’accès à la pièce issue de l’économie circulaire de bonne qualité, pour une meilleure satisfaction client. Le garagiste a alors la lourde tâche de convaincre et de fidéliser. Aujourd’hui les retours sont positifs. Les différentes alternatives à la pièce neuve sont de plus en plus recommandées, et donnent de la satisfaction.

Et demain ?

Bien que l'utilisation soit en augmentation générale, la part de marché de la pièce d’occasion face à la pièce neuve reste faible aujourd’hui. Il y a encore un gros travail de communication et de pédagogie à faire. La pièce constructeur reste un gage de sécurité pour beaucoup, et la pièce d’occasion est cantonnée à la carrosserie et choisie pour son prix.

La mobilité en marche oblige les centres VHU à s’équiper et à se former afin de recevoir des véhicules hybrides et électriques. Selon Laurent Assis-Arantes, l’électrification est en cours, mais le parc vieillissant de plus en plus, cette transition risque de prendre du temps. D’ailleurs, selon Jean-Michel Guarneri, PDG de LRPI, il y également un gros potentiel de dépollution à entretenir le parc existant. Alors, avant de changer des pièces de vélo, les garagistes ont encore du temps devant eux. Olivier Cor remarque de son côté que demain demandera des pièces sophistiquées et donc des techniques et des compétences. Le métier de démonteur à de l’avenir et se digitalise de plus en plus. Pour paraphraser Stéphane Brault-Scaillet, pour le moment, il n’y a pas de meilleure solution à la fois écologique et économique durable et pour tout le monde.

Et vous utilisez-vous des pièces d'occasion pour votre auto ou moto ?

Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.