RTA fait le point sur le marché de la distribution moteur

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Dans le sillage de la filtration et du freinage, l’entrainement moteur constitue une valeur sûre et incontournable de l’entretien automobile. Le segment se réinvente à présent autour des kits d’accessoires, et prépare son évolution portée par l’essor des chaines de distribution.

Au quotidien, le remplacement des courroies de distribution demeure une prestation clef de l’activité des professionnels de la réparation automobile.

Elle fait partie des premiers motifs d’entrée en atelier. Passé les soubresauts de la crise sanitaire des deux dernières années, le marché s’est affiché en croissance l’an passé. Surtout, il a dépassé les performances commerciales enregistrées en 2019. La tendance plaide pour une stabilité des volumes cette année, avec une progression attendue en valeur, une conséquence de la hausse des prix des composants.

Segment porteur de la rechange, la « distribution » mobilise l’attention des MRA et des équipementiers. Le marché se révèle de plus en plus concurrencé, observe Bertrand

Bouglé, directeur automotive aftermarket de Gates en France. La tendance reste favorable aux marques premiums, estime Gilles Brechenmacher, responsable du service rechange de Conti-Tech, dont les kits présentent l’avantage de regrouper l’ensemble du nécessaire : courroies, galets, pompe à eau, visserie et boulonnerie, caches… Et de rappeler : « La distribution joue un rôle majeur dans le fonctionnement du moteur. Son remplacement suit des fréquences prédéfinies. Son changement demeure une intervention délicate qui peut se révéler sensible ».

Distribution et système auxiliaire

Sur le plan technique et commercial, Bertrand Bouglé distingue d’une part le marché de la distribution, et d’autre part du système auxiliaire (ou d’accessoires). A l’heure où la chaine de distribution équipe 50% des modèles en première monte, les kits de distribution défendent leurs positions sur la rechange.

Ils représentent 90% des ventes de pièces (là où les chaines demeurent encore anecdotiques). La tendance s’inverse du côté des accessoires : les ventes unitaires de courroie dominent les linéaires. Les kits d’accessoires se contentent de 10% des volumes. Le responsable de noter une disparité entre les pratiques : les ateliers indépendants privilégient le remplacement de la courroie seule, là où les agents de marque (ou les concessionnaires) optent pour un kit de rechange complet.

Prestation d’entretien classique non sans faut, le remplacement de la distribution s’est élargi progressivement au contrôle et au changement le cas échéant, des pièces périphériques : les courroies d’accessoires se sont ajoutées à la pompe à eau, au poulie damper ou d’alternateur, explique Arnaud Pénot, directeur marketing de Bilstein Group. Pour ce dernier, la distribution s’accompagne d’un double enjeu. Il concerne à la fois l’évolution du marché et les pratiques des réparateurs. La multiplication des pièces à remplacer lors d’une distribution génère en effet une hausse du coût de la prestation. Auparavant, seule la courroie de distribution était concernée, rappelle Arnaud Pénot. Aujourd’hui, des kits complets sont proposés (avec la pompe à eau), voir même des super-kits incluant les courroies d’accessoires. « Le réparateur devra valoriser l’intervention auprès de l’automobiliste qui ne veut plus dépenser autant qu’avant dans l’entretien de son véhicule. »

La chaine restructure la distribution

Parmi les évolutions notables du segment de la distribution, l’entrainement par chaine concerne désormais un tiers du parc roulant, avec une croissance de 2% par an, souligne Benoit Lepot, chef de produits moteur de Schaeffler Europe.

Pour Arnaud Pénot, il faut batailler contre l’image selon laquelle une chaine ne se remplace pas ! « Nous devons informer et former les réparateurs. » La tendance impulséepar les constructeurs allemands, fait aujourd’hui école auprès des marques généralistes.

L’essor des motorisations downsizées et des technologies Start and Stop explique sa généralisation : la chaine se révélant à l’usage plus résistante qu’une courroie.

En l’absence de préconisation des constructeurs, les recommandations plaident pour un contrôle à 90 000 km afin de déceler d’éventuels cliquetis synonymes de chaine détendue, et un remplacement à 150 000 km. Car si les chaines se révèlent robustes, elles s’allongent inévitablement avec le temps sous l’effet des contraintes mécaniques.

L’utilisation d’un lubrifiant de piètre qualité altèrera également son bon fonctionnement. Pour les réparateurs, le principal obstacle réside dans son emplacement situé à l’intérieur du carter moteur.

Mais le temps consacré à l’exercice n’est pas superflu : un mauvaise alignement de la chaine, ou un défaut de réglage, se répercuteront sur l’arbre à cames, les soupapes, les pistons…

Les kits d’accessoires s’invitent sur le marché

Pour l’heure, sur le terrain l’attention se cristallise autour du remplacement complet du système d’entrainement moteur, à travers le recours à un kit pompe associé à un kit d’accessoires. Outre la justification technique de la démarche, la pratique ouvre des opportunités en valeur et en qualité de prestation pour les ateliers.

Les préconisations des constructeurs qui figurent dans le carnet d’entretien, associées au devoir de conseils des réparateurs, tendent à lever les freins tarifaires des consommateurs. Une opportunité saisie par les réseaux de centre-autos dont le taux de transformation des kits d’accessoires témoigne du potentiel du segment.

L’inspection visuelle des courroies d’accessoires, des galets, des tendeurs et des poulies est aussi un réflexe à adopter entre deux remplacements de distribution afin de déceler d’éventuelles signes d’usure. Car la fonction s’est complexifiée avec les motorisations Start and Stop, les hybridations légères 48 volts et les hybrides. La charge supportée par le système devient critique. Sur ces motorisations essence équipées d’une chaine, le marché de la distribution est appelé à se réinventer autour des kits d’accessoires particulièrement sollicités.

Des vents porteurs

Le vieillissement du parc roulant favorise à présent le segment. Avec une moyenne d’âge de 11 ans, les véhicules pourraient subir deux remplacements de distribution dans leur vie.

Dans le même temps, les délais de livraison actuels des véhicules neufs soutiennent le marché de l’occasion. Sur ces modèles, les professionnels procèdent souvent à un remplacement anticipé de la distribution pour rassurer l’acheteur. Du côté des nouvelles motorisations, l’essor des versions hybrides ou équipées d’un système Start and Stop favorise le recours à un kit d’accessoires complet.

L’âge du parc roulant, les moteurs down-sizés, l’hybridation et l’électrification au même titre que les nouvelles formes de mobilités (tel que le covoiturage) constituent autant de paramètres structurants du marché de la distribution. L’évolution du kilométrage annuel demeure la principale inconnue. Elle guidera l’orientation future du segment.

Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.

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