En 2022, le marché du pneumatique a connu une évolution typique de période de crise, avec des hausses de prix et des baisses de volumes. L’année 2022 a été synonyme de repositionnement. Après une timide reprise post-Covid-19 observée en 2021, Dominique Stempfel, président du Syndicat du Pneu, qualifie le marché de « vivace », malgré un choc inflationniste. Dans le détail, l’organisation professionnelle note une baisse de 5,6% des volumes de ventes sur le TC4 (tourisme, camionnette et 4X4), avec une perte de parts de marché pour les pneumaticiens et les centres auto, des ventes en ligne mesurées, mais aussi pour les marques Premium. Sur le segment du pneu Tourisme, la baisse est de 4,9%. Le marché français du remplacement accuse une baisse de volumes de vente de 5,6% pour les pneus Tourisme, 4X4 et VUL. La part des pureplayers est de 16% des ventes globales sur le Tourisme. Quant aux plateformes digitales des réseaux physiques, celles-ci représentent 5% du marché.
Une stabilité retrouvée en 2023 ?
Par ailleurs, l’inflation a pesé sur les ventes de pneus, avec une hausse globale des tarifs de 13,3%. Un facteur qui a joué un rôle important sur le recul des marques premium au profit des marques budget. Ces dernières représentent 16% des volumes de l’année 2022, soit une hausse de 2%, contre une baisse de 2% des marques Premium (54%). « Depuis 2015, les marques Premium reculent régulièrement», commente Dominique Stempfel. Une tendance qui concerne également les marques de distributeur, de plus en plus proches des tarifs des marques budget. Les automobilistes s’équipent moins cher sans regarder la qualité. Toujours selon les données du Syndicat du Pneu, le pneus Toutes Saisons s’impose et représente à lui seul 27% des volumes de vente des pneus Tourisme en 2022.
Toutes catégories confondues sur le marché du tourisme, camionnette et 4X4, les dimensions les plus vendues restent concentrées sur le 15 et 16 pouces avec 53% des volumes. Suivent les 17 et 18 pouces avec 29% des ventes. Les 13 et 14 pouces poursuivent leur recul et ne représentent plus de 13% des volumes. Enfin, les diamètres supérieurs à 19 pouces représentent 5% des ventes, et devraient croître grâce à l’augmentation de SUV et des véhicules électriques, équipés d’enveloppes plus étroites mais de grands diamètres.
Pour 2023, le marché subit encore la répercussion des coûts de l’énergie, le marché subit une profonde mutation et ces évolutions devraient se poursuivre cette année, qui comme le soulève le président du Syndicat du Pneu, sont influencées par les incertitudes géopolitiques, des prix des matières premières et du comportement des consommateurs finaux. Cependant, le marché reste attractif et attise l’intérêt de l’ensemble des acteurs de l’après-vente automobile.
L’enjeu majeur de l’après-vente de demain
Le pneumatique est un produit technologiquement abouti, et son marché est mâture. Les premières raisons d’entrée en atelier sont aujourd’hui les révisions périodiques, qui sont vouées à s’effondrer, voire disparaître, avec la bascule du thermique vers l’électrique. « Demain, c’est le pneumatique qui sera le premier créateur de trafic » salue Dominique Stempfel. De nombreux acteurs devraient donc s’y intéresser, renforçant la concurrence. Cependant, plus d’acteurs il y a, plus petite sera la part de chacun. Selon les données du Syndicat du Pneu, les ateliers devraient constater des crevaisons plus fréquentes (+5 points en moyenne), liées notamment au poids et à la largeur, et ainsi à l’usure prématurée du pneu qui équipe un véhicule électrique, et ce malgré un kilométrage parcouru moindre. Une bonne pression est d’autant plus importante.
Environnement et Sécurité
À l’instar de l’automobile, le pneumatique poursuit son évolution. Les manufacturiers majeurs n’ont pas attendu les normes du pacte vert pour faire du pneumatique un produit de plus en plus vertueux. Ils ont notamment travaillé sur la résistance au roulement et à l’amélioration du niveau de sécurité. Ainsi, plus la résistance au roulement des pneumatiques est faible, moins il faut de carburant pour rouler. Pour les véhicules électriques, une résistance au roulement plus faible entraîne une meilleure autonomie et une moindre consommation d’électricité. Elle implique alors moins de CO2 et donc une empreinte carbone réduite. Cette dernière est notamment liée à la fabrication des pneus et les matières premières utilisées ont aussi un impact sur l’environnement.
Les industriels ont ainsi travaillé sur la durabilité des pneus en introduisant des matériaux écosourcés et biosourcés, avec l’objectif de ne plus utiliser de matières premières d’origine fossile dans vingt ans. Cette conscience environnementale est en ligne avec le projet de norme Euro 7 proposé par la Commission européenne, qui vient durcir les standards d’émissions polluantes pour tous les véhicules et en intègre de nouveaux comme les émissions liées aux pneus et aux freins, notamment en introduisant la mesure des particules non issues de l’échappement dont les microplastiques et liées à l’usure.
Selon la CE, « en 2035, la norme Euro 7 aura permis de réduire de 35% les émissions de NOx par rapport à Euro 6 pour les véhicules légers. Dans le même temps, les émissions polluantes à la sortie de l’échappement seront réduites de 13% pour les véhicules légers et de 39% pour les bus et les camions. Pour les voitures, les particules liées au freinage seront réduites de 27%. »
En parallèle, Dominique Stempfel évoque le rechapage, VL comme PL, qui, outre ses vertus économiques et écologiques, préserve l’emploi local. Il cite également le pneu sans air, sur lequel quelques manufacturiers travaillent. Enfin, l’autre évolution importante réside dans la puce RFID, qui facilite le montage des pneus et des roues. Vulcanisée, la puce permet au pneumatique de s’autocontrôler et de communiquer avec le véhicule et son conducteur. Les données relatives au pneu sont lues par radiofréquence, permettant notamment une maintenance à distance. L’étiquette RFID intégrée au pneu indique le nom du fabricant, la référence et le numéro de service, voire des données supplémentaires spécifiques. En attendant, comme le rappelle Dominique Stempfel, « si on se pose de multiples questions sur les moyens de transport de demain et sur leur motorisation, une chose est sûre : les véhicules routiers de demain seront équipés de pneus. » Encore faut-il qu’ils soient de plus en plus vertueux et de plus en plus connectés.
Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.