Superéthanol : principe de fonctionnement, avantages et inconvénients

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Superéthanol E85, RTA vous explique les fondamentaux 

Introduit en 2007 sur le marché français après une expérimentation en Champagne-Ardenne et en Picardie, le superéthanol a très rapidement conquis l’Hexagone. De 316 stations-services en 2010, son réseau de distribution dépasse à présent les 3 500 points à travers tout le pays. Comment expliquer cette hausse fulgurante ? D’où provient ce carburant ? Quels avantages apporte-t-il ? RTA dresse le portrait d’un produit qui carbure !

Le superéthanol, c'est quoi ?

« Bio éthanol », « E85 », « Superéthanol-E85 » : le nom change mais la formule reste la même. Pour obtenir ce carburant liquide d’origine végétale, du bioéthanol (de l’alcool) est mélangé à de l’essence classique.

À la différence du sans plomb 95, qui provient de la distillation de pétrole étranger (venu du Kazakhstan, des États-Unis, d’Algérie, du Nigeria, etc.), le bioéthanol affiche une étiquette nettement plus écologique.

D’abord en raison de sa matière première : pas de source fossile ni d’hydrocarbures mais un produit issu de la fermentation et de la distillation de végétaux contenant du sucre ou de l’amidon (betteraves sucrières, blé, maïs, raisins, etc.).

Ensuite, une origine locale. Deuxième plus gros producteur sucrier mondial, la France dispose des ressources pour fabriquer son propre bioéthanol. Avec 30,7 millions de tonnes de betteraves et 2 millions de tonnes de cannes récoltées en 2022 (source : La France Agricole), la production française atteint 12 millions d’hectolitres, devant l’Allemagne (8 millions d’hectolitres). De quoi s’imposer comme le premier producteur de bioéthanol de l’Union européenne, mais loin derrière le Brésil (285 millions d’hl) et les États-Unis (582 millions d’hl).

Production française de bioéthanol en 2022

Végétaux

Pourcentage

Blé

42 %

Betterave

33 %

Maïs

21 %

Marcs et lies de raisin

4 %

Source : France Agrimer

Le superéthanol, pour qui ?

Tous les véhicules ne peuvent pas rouler au superéthanol-E85. Pour cela, il faut soit :

- acheter un véhicule flex-fuel d’origine ;

- installer un kit flex-fuel homologué par l’État et posé par un installateur agréé. Il s’agit d’un boîtier qui permet d’alimenter son véhicule essence – à condition qu’il soit compatible – avec du superéthanol.

Pourquoi flex-fuel ? Car ce type de véhicule peut consommer tous les autres types d’essence, à savoir :

- le sans plomb 95 

- le sans plomb 98 

- le sans plomb 95 - E10

Une flexibilité bienvenue lorsque votre voiture se trouve à court de carburant et que la station la plus proche ne propose pas de superéthanol.

Quels avantages jouent en faveur du superéthanol ?

À vocation écologique, le superéthanol a bien d’autres atouts à faire valoir.

Des avantages fiscaux… dans certaines régions

Lorsque vous achetez un véhicule (neuf ou d’occasion), vous devez rajouter quelques centaines d’euros dans votre enveloppe budgétaire pour payer le certificat d’immatriculation (anciennement la carte grise).

À Paris par exemple, la taxe régionale pour 1 CV s’élève à 54,95 € en 2024. Vous pouvez simuler ici le coût de votre certificat d’immatriculation.

L’exonération de la taxe régionale, une mesure très incitative…

Mais certaines régions, comme les Hauts-de-France ou la Corse, appliquent une exonération de 50 % sur la taxe régionale pour les véhicules « propres », catégorie dans laquelle entrent les voitures fonctionnant au superéthanol.

D’autres régions - c’est le cas en Auvergne-Rhône-Alpes - vont encore plus loin en accordant une exonération totale.

Bon à savoir : Une carte grise ne sera jamais totalement gratuite car le nouveau propriétaire devra tout de même s’acquitter de la redevance d’acheminement et de diverses taxes.

Cependant, ce coup de pouce fiscal disparaît de certaines régions :

- depuis 2023 en Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne 

- depuis le 1er janvier 2024 en Centre-Val de Loire, Normandie et Île-de-France 

- depuis le 1er mars 2024 dans la région PACA

…et une aide pour s’équiper de boîtiers

Selon votre lieu de résidence, vous pouvez bénéficier de subventions pour l’installation d’un boitier bioéthanol homologué :

- 200 € dans les départements de la Côte d’Or (Bourgogne-Franche-Comté) et dans l’Orne (Normandie) 

- 300 € dans les Hauts-de-France 

- 400 € en Lozère (région Occitanie)

- jusqu’à 500 € dans la ville de La Tour-du-Pin (Auvergne-Rhône-Alpes) et en PACA

Des arguments économiques

Second avantage de ce biocarburant : son prix largement inférieur aux carburants traditionnels. Une simple comparaison de quelques stations-services françaises suffit à démontrer cet écart tarifaire en faveur du biocarburant.

Comparaison tarifaire des carburants au 19 février 2024

Station-service

Ville

Carburants (en €/L)

Gazole (B7)

Superéthanol (E85)

Essence Sans-plomb 95 -E10 (E10)

Essence Sans-plomb 98 (E5)

Relais Total Davout

Paris

1,974 €

0,919 €

1,9898 €

1,99 €

Relais Lorient Port

Lorient

1,798 €

0,899 €

1,792 €

1,872 €

Relais Dorez

Lille

1,797 €

0,899 €

1,799 €

1,919 €

Relais Marne Verdun

Biarritz

1,936 €

0,899 €

1,935 €

1,990 €

Source : Le prix des carburants

Sur ces 4 stations, le prix moyen du litre s’élève à :

- 0,90 € pour le superéthanol 

- 1,88 € pour le gazole et l’essence sans-plomb 95-E10 

- 1,94 € pour l’essence sans-plomb 

Soit un écart d’1 euro par litre au profit du biocarburant ! Une différence notable lorsque vous passez à la pompe : il vous en coûtera 45 € pour remplir un réservoir de 50 litres de superéthanol, contre près de 100 € pour des véhicules gazole ou 100 % essence.

Une vocation purement écologique

Au-delà de la fiscalité et du prix, ce biocarburant contribue à la transition écologique.

D’une part, parce que le superéthanol d’origine française est un carburant à moindre empreinte carbone. Il contribue à réduire la dépendance énergétique de la France au pétrole étranger.

D’autre part, il se montre beaucoup moins polluant que les carburants fossiles : entre 50 et 70 % d’émissions de CO2 en moins et 90 % pour les particules fines.

Quels sont les inconvénients du superéthanol ?

Surconsommation de carburant, problématiques en hiver et mauvais calcul de l'autonomie  : le superéthanol présente toutefois quelques inconvénients.   

Une surconsommation de carburant

En raison de sa composition, le superéthanol se montre moins calorifique que le SP95. En d’autres termes, le moteur a besoin de plus de carburant pour fonctionner, ce qui entraîne une surconsommation de l’ordre de 20 à 25 %. Cependant, le biocarburant reste toujours plus économique que les carburants d’origine fossile.

Un carburant qui ne supporte ni le froid …

La composition du bioéthanol varie en fonction de la saison :

Saison

Volume

Bioéthanol

Essence SP 95

Été

85 %

15 %

Hiver

65 %

35 %

Cette différence ne s’explique pas par la saisonnalité des végétaux utilisés pour sa fabrication, mais en raison d’une caractéristique : ce biocarburant ne s’enflamme pas en dessous de 13°C.

En hiver, le moteur peut donc se montrer capricieux s’il n’y a pas assez d’essence dans le réservoir, d’où une proportion plus grande de sans plomb pendant les mois les plus froids qu’en été. Sans cette adjonction d’essence, le véhicule risquerait de rencontrer des difficultés pour démarrer.

… ni les véhicules qui prennent la poussière

Autre particularité du superéthanol : il est hygroscopique, ce qui signifie qu’il absorbe l'humidité de l’atmosphère. Ainsi, la vapeur d’eau absorbée par le carburant entraîne à terme, pour les véhicules que ne roulent pas ou peu, une corrosion dans le circuit d’injection, ce qui perturbe la combustion de l’essence.

Un mauvais calcul de l'autonomie

Un calculateur ou une unité de commande électronique (UCE) est utilisé pour calculer la consommation et l’autonomie restante dans votre voiture. Suite à la pose d’un boîtier éthanol, les informations collectées peuvent se retrouver faussées. Mais des solutions d’adaptation existent pour régler ce problème.

 

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3 commentaires

Lorin - 04/05/2024 21:32:24


Où sont les calculs incluant l'énergie nécessaire pour produire les intrants (Maïs, betterave, blé, etc...) ? Il faut en moyenne 100 litres de gasoil/ha à un céréalier. Il faut du carburant pour amener ces intrants à l'usine de transformation. Passons sur les énergies grises (énergies pour fabriquer les engins agricoles, l'usine, etc...). Le serpent ne se mord pas la queue ?

Michel - 10/03/2024 19:05:37


Dans les carburants situés je n’ai pas vu le GPL Plus avantageux Moins de vidange Certificat d’immatriculation gratuit Moins d’usure moteur environ 3 fois plus de Kms

Fabrice - 09/03/2024 09:53:55


Cependant, ce coup de pouce fiscal disparaît de certaines régions : - depuis 2023 en Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne Je corrige ………… le coup de pouce fiscal (si il y en a eu un) a disparu depuis plus longtemps que ça en Bretagne. Nous sommes dans une région socialiste et les cadeaux fiscaux ne sont pas pour les citoyens lambda.