Dès son arrivée sur le marché français, le superéthanol E-85 a fait le bonheur de ses utilisateurs, notamment en raison de son prix attractif. Mais en 2023, son tarif a flambé de 50 %... Un premier coup de frein pour ce biocarburant si prometteur ? RTA dresse les perspectives pour l’avenir du superéthanol.
Où en est le superéthanol en France ?
Deux fois moins cher que l’essence ou le gazole et bien plus écologique, le superéthanol a longtemps affiché des arguments de poids. Mais quelques embûches le font dévier de sa trajectoire… Pour en savoir plus sur ce carburant vous pouvez également consulter notre article superéthanol : principe de fonctionnement, avantages et inconvénients.
Des avantages qui pèsent encore dans la balance
Le superéthanol a toujours eu la réputation de carburant accessible. Pour son prix d’abord, puisque le litre est longtemps resté sous la barre des 1 €. Pour sa disponibilité ensuite : son réseau de distribution est passé de 316 stations-services en 2010 à 3 500 en 2023. Et les automobilistes bénéficient aujourd’hui encore d’incitations pour se convertir : de nombreuses régions apportent leur soutien financier aux particuliers qui souhaitent passer à l’E-85 (exonération partielle ou totale de la taxe régionale) ou installer un kit flex-fuel homologué.
Une production hexagonale
Côté production, la France s’est armée en conséquence et reste confortablement installée à la place de 1er producteur européen de superéthanol, avec 14 millions d’hectolitres chaque année. Sur l’ensemble du territoire, la filière bioéthanol génère 9 000 emplois dans l’agriculture et l’industrie. Mais le contexte évolue…
Un biocarburant qui a subi la hausse des prix
Après une hausse de la consommation de 83 % en 2022, le biocarburant a enregistré une croissance bien plus timide en 2023 avec une progression de seulement 5 % (source : Les Échos). L’une des raisons de cette perte de vitesse s’explique par l’augmentation brutale des prix l’an dernier :
+ 6,5 % pour le SP95-10 ;
+ 7 % pour le gazole ;
+ 8 % pour le GPL ;
+ 45 % pour le superéthanol E-85.
Conséquence : la barrière psychologique des 1 € par litre, véritable argument de vente pour les acteurs de la filière, est dépassée. Malgré une baisse début 2024, les inquiétudes demeurent dans un secteur bousculé par deux facteurs structurels :
- les incertitudes sur l’avenir de la betterave sucrière, l’un des principaux composants du superéthanol ;
- un flou législatif à l’échelle européenne autour de la notion de « neutralité du carburant », qui pourrait mettre le superéthanol hors-jeu.
En proie au doute, certains constructeurs préfèrent se retirer du marché...
Problème n° 1 : la filière de la betterave sucrière voit l’avenir en rouge
À elle seule, la betterave représente 1/3 de la production du bioéthanol français, après le blé (42 %) mais devant le maïs (21 %).
Or, la betterave rencontre un problème majeur : sa sensibilité à la jaunisse, transmise par les pucerons. Avec l’utilisation de néonicotinoïdes (des insecticides incorporés à la semence), les producteurs avaient trouvé un moyen de lutter contre la contamination de leurs cultures. Mais depuis 2018, ces insecticides sont interdits. Les exploitations agricoles se retrouvent face à un dilemme : produire sans aucune perspective de rendement ou arrêter la production de betterave sucrière. Le Plan national de Recherche et Innovation de l’institut technique de la betterave (ITB) vise à identifier des alternatives non chimiques. Mais les solutions envisagées, bien que prometteuses, restent encore trop longues, trop coûteuses et trop difficiles à mettre en place à l’échelle nationale.
En parallèle, le réchauffement climatique continue d’adoucir les intersaisons. De quoi favoriser le développement des pucerons et entraîner des sécheresses dévastatrices pour les récoltes utilisées dans la production du bioéthanol : betteraves, pommes de terre, orge, colza, etc.
C’est donc l’incertitude qui domine la filière agricole, indispensable à la fabrication d’un bioéthanol bon marché.
Problème n° 2 : le flou engendré par la législation européenne
Le compte à rebours qui mène à l’interdiction des voitures thermiques en Europe en 2035 est lancé. Concrètement, seules 2 catégories des voitures pourront être commercialisées après cette échéance :
- les voitures 100 % électriques ;
- les voitures fonctionnant avec un carburant neutre en émissions de CO2.
Et le superéthanol ? Il ne remplit aucune de ces conditions. Constitué en majeure partie de bioéthanol, l’E85 conserve une partie d’essence d’origine fossile (entre 15 et 35 % selon la saison). La filière du superéthanol a donc un peu plus d’une décennie pour trouver un substitut à l’essence, et être ainsi considéré comme un « carburant neutre ».
Mais où se situe le seuil de neutralité ? Une réduction à 100 % d’émissions de CO2, excluant de fait le superéthanol actuel, ou un seuil inférieur ? Une forte ambition ou une douce transition ? Bruxelles prévoit de trancher en 2026. En attendant, les acteurs orientent leur stratégie pour limiter la casse.
Des industriels qui boudent progressivement du marché
Face à ces nombreuses inconnues, certains constructeurs préfèrent se retirer de l’équation et se concentrer vers l’électrique, moins contraignant. C’est le cas de Ford, leader français des véhicules flex-E85 d’origine (38 000 véhicules vendus en 2023) qui oriente sa stratégie pour viser un parc composé à 100 % de véhicules électriques d’ici 2030. La commercialisation de 2 modèles va donc s’arrêter : le SUV Puma Flexifuel qui représentait la moitié des ventes sur cette famille de véhicules et la Focus Flexifuel.
En résumé
Concurrentiel en période inflationniste, le superéthanol perd néanmoins du terrain. Les raisons ? Une filière de la betterave sucrière en difficulté et une législation encore floue autour de l’interdiction des véhicules thermiques en 2035. Face aux incertitudes, certains constructeurs comme Ford préfèrent se retirer du marché. Bruxelles devrait apporter en 2026 des éclaircissements et dévoiler sa définition du terme « carburant neutre » qui satisfera, ou non, la filière bioéthanol.
En attendant ? Le superéthanol reste un carburant très avantageux, à bas prix et nettement plus écologique que les carburants à base d’énergie fossile. Équiper sa voiture d’un kit flex-fuel homologué reste donc une bonne solution, pour l’environnement comme pour vos finances.
Franck L - 05/05/2024 18:27:43
Votre article est très intéressant, cependant il n'évoque pas le superéthanol 100% renouvelable ni son impact sur l'évolution des prix... c'est dommage
Une simple reprogrammation suffirait - 04/05/2024 22:36:18
Sachant qu'une simple reprogrammation suffirait pour convertir un moteur essence en moteur E85, (coût quasi nul), je ne comprends pas pourquoi les constructeurs français ne s'y mettent pas !
BERTHET FABRICE - 04/05/2024 13:34:41
45 % D AUGMENTATION EN UN AN , QU EST CE QUI JUSTIFIE UNE TEL AUGMENTATION ?
XXXXXX. - 04/05/2024 09:52:43
Ils y a juste une chose si votre véhicule est sortis après 1997 ils peut roulez au superéthanol pour là plus part des véhicule les Peugeot , Renault , et bien d'autre marque sans modification du véhicule surtout si votre véhicule fonctionne au sans plomb puis ce que cette dernière sont équipé de siège de soupape en Acier trempé spécialement consuls pour ces dernière pour qu'ils ne susse pas prématurément les boitier c'est un LEUR pour vous faire croire que votre véhicule ne peut pas fonctionner sans ce dernier HORS c'est FAUX une TWINGO de 2003 en 16v 75 cv roule avec 80% de ce carburant sans boitier et fonctionne très bien plus silencieuse plus de bruit dans le moteur que vous aviez avec le 95 puise ce que dans ce dernier ils y à aussi de l'éthanol , c'est un marché parallèle qui à trouvez des novices pour leur faire installer UN boitier qui ne sers à rien que vous faire dépensé un peut plus d'argent sur leur véhicule qui n’en à pas besoin d’U BOITIER et on vous fait croire tous et n'importe quoi. Certain Garagiste sont droit et vous le dise que les Boitier ce sont des LEUR mais on les conte sur une Main beaucoup des autre ce sont des escrocs ou voleur qui profite du système imposé par QUI exactement.........?????? L'état à qui on à fait croire que les véhicule ne pouvait pas fonctionner sans ce BOITIER.
Jacky - 04/05/2024 08:46:46
Je roule depuis 4 ans avec une 207 à l'éthanol et une reprogrammation du calculateur et cela fonctionne très bien aucun problème de démarrage même par temps froid. Pourquoi s'équiper d'un boitier dont beaucoup se plaignent alors qu'il y a déjà tout ce qu'il faut sous le capot. !!!! Tiroir caisse !!!!!!!!