Tout comprendre du scandale des airbags Takata

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Les airbags tueurs, une bombe à retardement ? Si le scandale Takata a entraîné la disparition de l’équipementier japonais en 2017, l’onde de choc continue aujourd’hui encore de se propager partout dans le monde. En cause, des airbags qui se déclenchent de façon intempestive, allant jusqu’à tuer les conducteurs… Les rappels de véhicules se comptent par millions, notamment en France, pour corriger dans les meilleurs délais ce grave problème de sécurité.

RTA vous explique les détails de ce scandale et vous donne les solutions si votre véhicule est concerné.

Historique de l’affaire des airbags Takata

D’abord spécialisé dans la fabrication et la production de parachutes à sa création en 1933, l’équipementier Takata opère un virage stratégique dans les décennies suivantes en investissant le marché automobile. D’abord avec les ceintures de sécurité (années 1950 – 1960), ensuite avec le siège auto pour enfant (années 1970).

Dans les années 1980, la marque japonaise se lance dans la fabrication d’airbags, commercialisés auprès de constructeurs du monde entier. Ces produits font la renommée de l’entreprise.

1995, apparition des premiers problèmes

Mais dès 1995, Takata commence à défrayer la chronique automobile. L’équipementier japonais connaît alors son premier rappel de véhicules en raison d’une défaillance majeure de ceintures de sécurité. Le cœur du problème ? Les loquets des ceintures de plus de 8 millions de véhicules nord-américains se libéraient sans aucune explication, et parfois lors d’accidents…

Les années 2000, l’apparition de l’ammonitrate dans les airbags

Takata surmonte ce problème et aborde le nouveau millénaire avec une innovation. Le fabricant commercialise un système d’airbag amélioré grâce à son PSAN (propulseur stabilisé ammonitrate), un détonateur à base de nitrate d’ammonium (ou ammonitrate). En cas de choc, la combustion de cette charge pyrotechnique produit un dégagement gazeux qui va gonfler l'airbag. La bombe de l'attentat d'Oklahoma City en avril 1995, l’explosion de l'usine AZF à Toulouse en septembre 2001 ou la catastrophe du port de Beyrouth en août 2020 ont tous en commun cet agent explosif très sensible.

Et c’est là que le scandale démarre. S’il est soumis trop longtemps à la chaleur et à l’humidité, le nitrate d’ammonium peut devenir très instable et :

  • exploser tout seul, en projetant des éléments métalliques ;
  • ou devenir inopérant : en cas d’accident, l’airbag ne se déclenche pas.

Malgré des alertes, Takata falsifie les contrôles et truque les résultats des tests pour assurer le développement de son innovation. Les constructeurs n’y voient que du feu, leur cahier des charges étant (faussement) respecté, et les airbags partent donc sur les lignes de production. Des centaines de millions de véhicules se retrouvent ainsi équipés de ces produits défectueux.

En 2008, des premiers signes de dégradation ou de non-conformité apparaissent. Mais c’est lors de la décennie suivante que le scandale va réellement éclater.

Les années 2010, les premiers décès et la fin de l’entreprise

2013 marque un tournant pour l’équipementier japonais. De premiers morts sont recensés aux États-Unis et en Malaisie, où une conductrice décède suite à l’explosion anormale de l’airbag de sa voiture.  

Dans la foulée, 20 millions de véhicules sont rappelés par les plus grandes marques mondiales : Fiat Chrysler, Ford ou encore Honda… La descente aux enfers se poursuit pour Takata, contraint de payer une amende de 70 millions de dollars.

En 2015, le nombre de véhicules rappelés pour des raisons de sécurité s’élève à 50 millions, dont la moitié pour le constructeur Honda. En 2016, il dépasse les 64 millions rien qu’aux États-Unis - pays qui recense 11 morts et 100 blessés - et se rapproche des 20 millions au Japon.

Takata croule alors sous une dette de plus de 10 milliards de dollars et dépose le bilan en 2017. C’est, à ce jour, le plus gros échec industriel japonais depuis la seconde guerre mondiale.

Les années 2020, la France sort le drapeau rouge

La France n’échappe pas au scandale Takata, avec de premiers morts en 2020.

D’abord en Outre-Mer, où la chaleur et l’humidité sont bien plus importantes qu’en métropole. Une automobiliste de 44 ans est ainsi décédée au volant d’une Citroën DS 3 en raison de la « projection d’un élément métallique de l’airbag conducteur en direction de la tête de la victime ». Le même modèle est mis en cause dans le décès d’un jeune homme de 26 ans en mai 2023 après le déclenchement de son airbag lors d’une légère collision.

Mais la métropole est aussi touchée. Le 15 novembre 2023, un conducteur est grièvement blessé à l’épaule à cause d’un élément métallique de l’airbag de sa Citroën C3 à Garlin (Pyrénées-Atlantiques). Trois jours plus tard, un homme de 51 ans meurt au volant de sa Citroën C3 près de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).

En 2024, Citroën dit stop. Dans un communiqué, le constructeur français indique que « le propergol dans les coussins gonflables du conducteur et du passager peut se détériorer avec le temps. Dans le cas d'un accident dans lequel les airbags se déploient, il pourrait se rompre avec trop de force, blessant les occupants du véhicule ». Plus de 600 000 voitures du groupe sont rappelées.

Quels sont les véhicules concernés ?

Stellantis, Audi, BMW,… La liste des constructeurs automobiles victimes de ces airbags défectueux est longue. Vous craignez d’être concerné ? RTA répertorie quelques modèles équipés des airbags du fabricant Takata et vous donne la marche à suivre.

Que faire si je pense que mon véhicule est concerné ?

Avec 130 modèles en Europe concernés par ce problème d’airbag, de nombreux constructeurs touchés par le scandale Takata ont lancé un rappel de grande envergure pour remplacer les airbags défectueux de leurs clients.

Bon à savoir : Un coût élevé pour les constructeurs. En moyenne, les airbags d’une voiture sont conçus pour durer 15 à 20 ans. Pour les remplacer, il faut compter généralement entre 700 et 4 000 €, sans compter l’éventuel véhicule de remplacement. Pour une automobile produite dans les années 1990, ce coût se rapproche - voire dépasse - le prix du véhicule...

Sur son site, Audi demande de renseigner votre numéro de châssis pour savoir si votre voiture fait partie des véhicules équipés. Le constructeur allemand précise que « ces airbags ont été installés sur des véhicules construits en France entre 1996 et 2017 ». Plusieurs modèles BMW, Volkswagen ou Skoda font aussi partie de la liste.

Parmi les constructeurs français, Citroën a informé par voie postale 600 000 propriétaires de :

  • Citroën C3 phase 2 (de 2009 à 2017) ;
  • Citroën DS3 (de 2009 à 2017).

Si vous pensez être concerné, rapprochez-vous de votre concessionnaire ou de votre garagiste et évitez, si vous le pouvez, de conduire un véhicule potentiellement équipé de ces airbags. Le risque est d’autant plus grand si vous vivez dans une région chaude ou si vous avez acheté une voiture d’occasion qui a circulé dans des climats favorables à l’instabilité du nitrate d’ammonium !

Une action collective engagée contre Takata pour les propriétaires de véhicules Citroën

Comme pour le cas du moteur 1.2 PureTech, une action collective a été engagée. La plateforme d’actions collectives MyLeo vise à : « obtenir la condamnation pénale du constructeur pour les comportements délictuels reprochés » et « indemniser tous les préjudices subis par les propriétaires d’un véhicule équipé d’airbag Takata ».

Les propriétaires d’un véhicule Citroën C3 ou DS3 neuf ou d’occasion, fabriqué entre 2009 et 2019 et équipé d’un airbag Takata défectueux peuvent rejoindre cette action collective. Vous avez jusqu’au 8 septembre 2024 pour vous inscrire sur la plateforme.

De son côté, l’UFC – Que Choisir a mis en demeure Stellantis en demandant notamment des solutions concrètes pour pallier l’immobilisation imposée et faire valoir les droits de automobilistes affectés par cette situation d’une ampleur inédite.

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1 commentaires

Stéphane Gay - 07/07/2024 19:14:31


J'espère que les dirigeants de Takata seront poursuivis au pénal au Japon. Nous ne sortirons de ce type de problème - cacher la vérité que l'on connait parfaitement pour éviter des conséquences - , dans l'automobile, dans l'industrie en général, que lorsque les chefs d'entreprise risqueront de la prison. Il y a de telles dispositions pour les cabinets d'Audit. Je suis un ancien cadre de cabinet d'Audit. Je peux affirmer que c'est salutaire.