Depuis le début de l’année, le marché accuse un très net ralentissement, avec une baisse des immatriculations de 14,2% par rapport à 2021 et de 9,5% par rapport à 2019. Le mois d’août ne fait pas exception, avec ses 358 856 immatriculations, soit un recul de 16,5% par rapport au mois d’août 2021. Dans le détail, le segment des occasions d’un an et moins subit une baisse de part de marché de 23,4% en raison du manque d’offres. De même, les véhicules d’occasion de 2 à 5 ans sont en recul pour le deuxième mois consécutif (-3,5% de part de marché). En revanche, les véhicules âgés de 11 à 15 ans et les plus de 16 ans ont toujours la cote. Leur part de marché progresse respectivement de 3,8% et de 18,9%.
Selon Marie Laloy, directrice marketing d’Aramisauto, la pénurie des jeunes occasions découle directement de la pénurie de véhicules neufs. Aramis s’organise depuis un an, en recentrant son activité sur le reconditionnement de véhicules d’occasion. La rareté des véhicules de moins d’un an a forcé le groupe à élargir son offre : d’un reconditionnement allant jusqu’à 7-8 ans, Aramisauto étend l’âge limite à 10 ans (mais toujours moins de 100 000 km). Une stratégie payante car le troisième trimestre 2022 affiche une hausse du volume de vente de 28% par rapport à 2021. Marie Laloy constate que la crise d’aujourd’hui donne raison au reconditionnement industriel, qui tend à apporter de la valeur à un parc vieillissant. En outre, l’effet domino se poursuit avec l’inflation, et comme tout ce qui est rare, le véhicule d’occasion est cher…
Le véhicule d’occasion connaît aussi l’inflation, les prix explosent !
Malgré la baisse des ventes de véhicules d’occasion, les professionnels ont maintenu leurs marges grâce à l’augmentation des tarifs… Le prix moyen a ainsi augmenté de 1,6% par rapport au mois de juillet, et de 7,5% par rapport au début de l’année. Vincent Hancart, directeur général d’AutoScout24 France, précise : « Le déséquilibre entre offres et demandes reste très préoccupant avec des prix encore plus hauts qui pousse de façon inquiétante, de plus en plus de consommateurs à se tourner vers les véhicules plus âgés, plus polluants et moins économes en carburants.»
De son côté, Christophe Winkelmuller, fondateur de l’Agence Automobilière, confirme cette hausse de prix. À titre comparatif, en 2013, le prix moyen d’un véhicule d’occasion était de 13 000 euros, alors qu’en 2021, il s’élève à 15 040 euros. Il ajoute : « Aujourd’hui, si le véhicule n’a qu’un ou deux ans et peu de kilomètres, il est pratiquement au prix d’un neuf. Les gens sont prêts à payer. » Le marché étant dérégulé, l’adaptation s’impose. Les solutions de financement s’immiscent au marché de l’occasion de plus en plus. Les services annexes à l’achat d’un véhicule d’occasion fleurissent également. L’Agence Automobilière annonce par exemple le lancement d’une carte auto en septembre qui comprend tous les services agrégés autour du véhicule. De son côté, Marie Laloy confirme la tendance au recours de modes de financement jusque-là réservés au marché du véhicule neuf, comme le crédit, la LOA, la LLD.
La règle voulant qu’un véhicule perde la moitié de sa valeur quatre ans après son achat n’est donc plus vraiment d’actualité … L’Europe traverse actuellement une période de forte inflation favorisant l’augmentation des prix. Malgré les mesures visant à inciter les Français à abandonner leurs « vieilles » voitures au profit de nouvelles, moins polluantes, le parc automobile vieillit dans le pays. A qui la faute ? A la crise Covid qui a mis un frein aux ventes de véhicules neufs, à des délais de livraison très importants, et des prix encore trop prohibitifs. Avec le vieillissement du parc actuel on peut également se demander quelles seront les conséquences sur l’environnement. Pour plus d’informations sur les futures restrictions des véhicules polluants, vous pouvez consultez notre article sur la mise en place des ZFE ici.
Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.