Malmené par la crise sanitaire et les tensions entourant les approvisionnements, le marché du freinage retrouve sa vitalité malgré des incertitudes persistantes. Sur un secteur protéiforme et hautement concurrencé, les équipementiers jouent des coudes pour s’imposer auprès des distributeurs de pièces et des réparateurs. Le freinage est l’une des premières et des plus régulières raisons d’entrée en atelier, au même titre que les filtres, les huiles ou les pneumatiques, explique Thibault Foillard, responsable de Brembo pour la France et le Benelux. Nombre d’acteurs en font une tête d’affiche de leurs actions promotionnelles ou des forfaits d’entretien.
Si le marché du freinage apparait « mature » il n’en demeure pas moins porteur malgré une concurrence « féroce » et « vive » autour des plaquettes et des disques.
« Le freinage est peut-être le marché le plus concurrentiel de l’entretien automobile, souligne Julien Thomas, responsable commercial de Delphi Technologies. Tous les acteurs sont présents. Tout le monde se bat qu’il s’agisse de l’OE, des équipementiers de l’aftermarket, des marques alternatives ou des MDD (marques de distributeurs).»
Un segment « attractif »
Au quotidien, le freinage conserve son attractivité pour les distributeurs comme pour les ateliers. Il représente près de 20% du chiffre d’affaire des professionnels. Le segment bénéficie d’un parc roulant vieillissant. Si l’orientation génère des réparations, elle contribue dans le même temps à tirer le marché vers le bas, estime toutefois Pierre Ecorchon, chef de produit freinage au sein de DRiV (Ferodo et Jurid).
Les plaquettes de frein tirent le segment. Elles sont rejointes aujourd’hui par les disques grâce à un taux de remplacement qui tend vers le un pour deux, à savoir un changement de disque tous les deux jeux de plaquettes. L’arrivée des disques arrière avec roulement contribue aussi à dynamiser les ventes. Parmi les autres indicateurs structurants du marché de la rechange du freinage, le kilométrage annuel moyen demeure le premier facteur à prendre en compte, avance encore Pierre Ecorchon. Les évolutions techniques comme la généralisation des freins à disque ventilés (une technologie qui s’use plus facilement que les disques pleins), et l’embonpoint des véhicules en particulier hybrides, influencent aussi la durée de vie des pièces, notamment des plaquettes de frein dont la composition exclue désormais l’amiante et le cuivre. La priorité porte par ailleurs sur la réduction des poussières et des résidus nocifs grâce à l’intégration de matériaux qui se désagrègent moins. Pour les équipementiers, conserver les mêmes performances en matière de distance de freinage et de confort acoustique relève du challenge technique.
Le terrain de jeu des marques de distributeurs
Sur le plan macroéconomique, le contexte lié à l’âge des véhicules et aux problématiques de pouvoir d’achat génère forcément un appel d’air pour les MDD. Des marques de distribution aux marges réduites qui subissent malgré tout, l’inflation des coûts des matières premières et du transport. Elles totaliseraient 30% de parts de marché, contre 70% pour les marques premiums.
Le marché est réceptif, constate Julien Thomas. «L’équipementier a dévoilé à l’occasion du salon Equip Auto, sa toute nouvelle gamme de plaquettes de frein. Elle couvre à ce jour 90% des ventes, et sera complétée au premier trimestre 2023 pour atteindre plus de 1350 références avec l’ambition de couvrir 98% du parc roulant européen. La majorité des plaquettes proposées contient des matériaux de friction à composante céramique. Ils réduisent les émissions de poussière et favorisent une réduction significative des bruits de freinage, annonce le fabricant.
Le marché du freinage tend à échapper aux réseaux constructeurs. Concessionnaires et agents de marque capteraient moins de 25% des remplacements. « Le marché leur échappe, fait savoir Pierre Ecorchon. Mais ils continuent de l’influencer par les prix des pièces en OE. Ils possèdent également la puissance pour l’investir à travers Distrigo pour Stellantis, ou Exadis du côté de Renault. » Si ils apparaissent en sommeil, les constructeurs possèdent le potentiel pour récupérer des parts de marché demain. D’autant que le faible niveau des ventes de véhicules neufs constaté depuis deux ans, pourrait orienter leurs stratégies sur le marché de la rechange à l’avenir.
Un enjeu de disponibilité
Sur le terrain, la disponibilité demeure le critère numéro 1 des ventes. La différence se joue sur la supply-chain, rappelle Stéphanie Juré. Sur un secteur « ultra tendu », le taux de service fait la différence, confirme Julien Thomas. Car les tensions entourant les difficultés de livraison des équipementiers s’avèrent encore réelles. « Ceux qui ont la bonne pièce en stock, au bon moment, sont les grands gagnants », relate Thibault Foillard. Et pour cause. Le freinage est une prestation rarement planifiée. La disponibilité est primordiale.
Du côté des professionnels de l’entretien et de la réparation, le freinage suppose aussi de disposer des compétences requises pour intervenir sur les véhicules électriques, et au-delà. Capteurs ABS et témoins d’usure réservent en effet des marges de progression à l’heure où le marché perd en volumes, mais gagne en valeurs. Les perspectives portent par ailleurs sur les flexibles soumis à la vigilance des contrôleurs techniques. Craquelés, boursouflés, ils devront être remplacés. Pour Pierre Ecorchon, il y a de la croissance à opérer en matière de massification et de rationalisation des achats sur ces familles.
Parmi les derniers leviers de croissance additionnels, le liquide de frein mobilise l’attention de Continental qui diversifie le conditionnement de ses bidons métalliques (une matière qui favorise la conservation et évite l’oxydation du liquide). Malgré les préconisations des constructeurs, les réparateurs ne changent pas le liquide de frein, déplore Christophe Mathieu, chef de produit aftermarket de Continental. Services, technologies, gammes, le freinage n’a pas fini d’animer le marché de l’entretien !
Consultez nos conseils pour tout savoir sur quand et comment changer vos disques et plaquettes de frein ici
Article rédigé en collaboration avec Décision Atelier Aftermarket, le magazine de référence des réparateurs automobiles édité par ETAI.
António de Sousa Gonçalves Pereira - 11/12/2022 20:10:19
Vocês são muito complicados com a revista online , era preferível como antigamente ter a revista em papel mesmo que fosse mais cara , o técnico lia via o desenho e fazia o trabalho com segurança porque tinha todas as instruções á mão inscritas na revista,de certeza que tinham mais clientes. Um abraço e pensem no assunto. António Pereira